Une pause, une note, un air, quelques rythmes

- Monsieur Edwards êtes vous avec-nous?!

La voix stridente du professeur de métamorphose venait de résonner dans la tête du jeune homme. Cette voix à la fois autoritaire et pleine de reproche avait tiré Anton de sa rêverie. Il ne se souvenait pas vraiment de ce qu'il venait de sa passer, juste de la fenêtre qui donnait sur le parc, de l'envie de liberté en contemplant cette vaste étendue de verdure. Et oui, on était en septembre et à cette période le parc était encore vert mais pas d'un vert qui venait de connaitre des pluies incessantes, non, un vert doux comme seul Poudlard connaissait. On sentait la douceur et le caractère des plantes, des herbes et des arbres de ce lieu qui avaient toujours surpris le jeune Poufsouffle. Ah envie de liberté et d'évasion quand tu nous tiens..... En tout cas, l'heure n'était pas vraiment à la rigolade, l'enseignant, se tenant devant lui le regardait avec de gros yeux noirs, presque de la frustration. Une frustration de ne pas avoir réussi à changer un élève qui était toujours aussi rêveur en cette dernière année à Poudlard que lors de la première. Frustration de ne pas lui avoir retiré cette carapace qui faisait de lui un jeune homme distant et réservé. Que ce ne soit pas un jeune homme plein d'enthousiasme comme les autres, prêt à faire le pitre en classe ou à écouter trop sérieusement les dires de l'enseignant. Et oui c'était un jeune homme bien trop compliqué à cerner et même après sept années passées dans la même salle de métamorphose avec le même professeur. Pourtant cette matière n'était pas une des plus détestées du jaune et noir. Bien au contraire, il la trouvait attrayante, intéressante et très utile. Mais il avait toujours été comme ça, trop tête dans les nuages.

- Vous savez jeune homme si vous continuez comme ça, l'année prochaine vous serez encore là. A ce rythme vous pouvez faire une croix sur vos Aspics.

Ah cette phrase, il l'avait si souvent entendu dans ce collège. Chaque année c'était la même chose, il ne travaillait pas assez, il dormait en classe, passait l'heure à rêvasser et tout le tralala. Et pourtant il était en dernière année sans avoir jamais redoublé. Il s'était toujours débrouillé pour travailler au moment des examens. Juste pour avoir son année. Il savait que ce n'était pas une bonne méthode de travail mais bon c'était la sienne. Et puis, au fond il écoutait un minimum même si extérieurement il n’en avait pas l'air.
Il n'eût pas le temps de débattre de ce sujet avec son enseignant, la fin du cours venait d'être annoncée. Ca y était, la journée était terminé, il allait enfin pouvoir avoir un petit peu de temps libre pour une fois encore rêvasser. Enfin, il avait un panel de choix. Ou bien sortir dans le parc par ce temps radieu et aller sous son arbre préféré, ou écrire un petit peu, ou simplement réfléchir. Nan il savait ce qu'il voulait faire. Jouer de la musique. Et pour ça il n'y avait qu'un lieu, la Salle sur demande. Il s'engagea donc dans les couloirs du château et aboutit au quatrième étage. L'étage où apparaissait la fameuse salle. Il savait que là il serait tranquille, pour jouer. Il s'engouffra dans le couloir et s'arrêta devant un pan de mur où seule la tapisserie se laissait entrevoir. Comme ça, il paraissait un peu idiot à fixer ce mur peint d'une couleur sombre. Et puis, tout d'un coup, une porte apparue. Une petite porte en bois marron foncé, discrète et sobre. Sans plus attendre, le jeune homme tourna le poignet qui était une simple boule de feraille au ton jaune et entra. Il fit bien attention de fermer la porte derrière lui.

La pièce dans laquelle Anton se trouvait était plutôt sobre. Elle était tout d'abord peu éclairée par la lumière naturelle, deux petites fenêtres faisaient face à la porte et le reste de l'éclairage provenait de petites bougies et chandelles placées un peu partout dans la pièce. Au centre, il y avait un piano à queue d'un noir luisant. A sa droite, une petite chaise, un tabouret et une caisse qui faisait office de table sur laquelle était posé une guitare classique et une bougie. Tout ca était placé de manière plutôt harmonieuse. Le reste de la pièce était composé uniquement de vide, rien d'autre, pas d'artifice, juste deux instruments, une chaise, un tabouret et une grosse caisse. Ce lieu respirait la tranquillité, la sérénité, la douceur, la spiritualité. Toutes ces choses qui vous envoûtent car pour Anton jouer de la musique correspondait à un envoûtement, une volonté d'exprimer un sentiment fort. Cette salle, le jeune homme l'avait découverte lors de sa première année à Poudlard. Un jour où il cherchait un lieu tranquille pour s'évader, pour composer, pour laisser aller sa musique, la salle était apparue. A l'intérieur, il y avait découvert une jeune fille de Gryffondor, Anne- Camille, une pianiste qui avait la même passion que lui pour la musique. D'ailleurs si aujourd'hui il savait jouer plus ou moins du piano c'était grâce à elle, cette brunette qui était devenue au fil des années une amie pour aboutir maintenant à ce qu'ils soient meilleurs amis. Confidents et rigolards à la fois. Sérieux et amusés. Passionnés et enjoués. Ils vivaient de grands moments d'amitié ensemble et pour Anton, ça comptait beaucoup. Lui, qui était un garçon plutôt solitaire et qui avait du mal à se faire des amis. Elle le soutenait et réciproquement.

Il était toujours là à contempler cette pièce,tout en pensant à Anne- Camille Il régnait une vraie tranquillité, une telle tranquillité qu'il avait rarement vu dans sa vie. Il alla vers la grosse caisse et prit d'une main délicate la guitare posée dessus. Elle avait beaucoup d'importance pour lui. Depuis tout petit il jouait de cet instrument et s’il perdait ça, ce serait une partie de lui qui s'envolerait. Il s'assit sur la chaise et posa sa guitare sur lui. La tranche de celle-ci sur ses genoux, les doigts de sa main gauche posés sur les cordes du manche et sa main droite prête à effleurer celles du milieu. Même si ça faisait des années qu'il savait tenir son instrument, s'était toujours un rituel qu'il faisait. Il positionnait ses mains avec délicatesse, comme si il caressait une jeune fille. Une tendresse qui paraissait aux yeux des autres souvent trop excessive. Ils ne comprenaient pas pourquoi Anton était si précis et puisque la différence repousse, le jeune Poufsouffle se trouva souvent à l'écart des groupes du collège. Enfin, il avait appris à vivre comme ça et puis certaines personnes ne le jugeaient pas et l'appréciaient pour ce qu'il était. Heureusement d'ailleurs. Après avoir fait attention que l'instrument soit bien accordé, ça il pouvait utiliser la magie mais Anton préférait le faire à la manière "moldue", il avait toujours appris comme ça et puis pourquoi changer pour si peu de chose, Anton commença à jouer. Une douce mélodie se fit entendre dans toute la pièce. Il effleura, juste ce qu'il fallait, les cordes pour qu'un son doux et triste à la fois résonne dans ce lieu. Ce n'était pas une composition très élaborée, juste trois quatre notes différentes mais qui donnait une harmonie à l'œuvre. Une envoûtante harmonie.